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Le skateboard n’est pas seulement une passion ou une pratique, c’est aussi une culture à part entière. Elle a ses mythes, ses figures en marge, ses codes et son esprit souvent rebelle. Cette culture fédère une communauté qui se reconnaît dans un imaginaire commun. Cet imaginaire façonne le rapport au monde, à soi et aux autres de celles et de ceux qui y appartiennent. C'est une communauté ouverte aux marges, accueillante, créative.
Je me suis construit au sein de cette culture. Ma préadolescence, mon adolescence et ma jeunesse en sont indissociables. Ce projet est une manière de lui rendre hommage. Dire simplement : merci. Sans elle, je ne serais pas devenu photographe. Plus encore, je ne serais pas celui que je suis aujourd’hui.
J’aime dire que le skateboard est un carrefour dans la vie de celles et de ceux qui le pratiquent. Certains s’y perdent, d’autres s’y découvrent. Il ouvre un espace de liberté unique, une manière différente de lire et de traverser le monde. Le skateboard, c’est une forme de vie, une vision un peu décalée de la réalité. Il a une face lumineuse : il forge la persévérance, crée des amitiés solides et des amours, nourrit l’aspiration à la liberté et favorise des rencontres qui ouvrent à d’autres horizons.
Ce projet documente la scène skate genevoise, mais à distance de l’esthétique des « acrobaties ». Il se compose de portraits posés. Ces images suspendent le temps et capturent les protagonistes de cette scène, souvent le regard tourné vers l’objectif.
Il inclut aussi des photographies de lieux : des lieux intimes, porteurs d’identité, et des lieux extérieurs investis parfois par plusieurs générations. Ces espaces font partie de l’identité collective.
Cette série est aussi comme autoportrait : l'autoportrait de celui que j'ai été, dont il reste quelques vestiges que je chéris toujours, et auxquels je suis sans doute à jamais relié.